63 % des conducteurs admettent des insultes au volant

Des incivilités toujours très présentes

Les résultats du baromètre, réalisé par Ipsos auprès de 12 403 personnes dans 11 pays européens et publié par la Fondation VINCI Autoroutes, montre que, même si certains indicateurs sont en légère amélioration par rapport à 2024, les comportements agressifs restent largement répandus :

• 63 % des conducteurs français déclarent avoir injurié un autre conducteur (contre 67 % en 2024). Par comparaison, en Suède, ils ne sont que 35 % à avouer avoir le juron facile, 37 % en Grèce ou encore 39 % en Slovaquie ;
• 54 % des conducteurs français reconnaissent qu’ils ont klaxonné de manière intempestive les conducteurs qui les énervent (contre 56 % en 2024) ;
• 30 % « collent » délibérément le véhicule d’un conducteur qui les énerve (contre 32 % en 2024) ;
• et 13 % descendent de leur véhicule pour s’expliquer avec un autre conducteur (contre 18 % en 2024).

Nous avons sollicité l’avis de conducteurs concernant leur comportement sur la route, et leurs témoignages rejoignent les conclusions du baromètre.

« Je ne me qualifierais pas d’agressive quand je suis au volant, je dirais plutôt que je suis énergique », admet en effet Barbara, titulaire du permis depuis trois ans et demi. « Même si cela m’est arrivé de proférer quelques insultes quand on me grille la priorité, quand on me colle alors que je suis à la bonne vitesse, ou encore quand on me fait une queue de poisson », reconnaît-elle cependant.

Roxane avoue également sortir de ses gonds lorsqu’elle est au volant. « Il m’arrive parfois d’être agressive et de crier quand le comportement des autres m’énerve. Il m’arrive aussi souvent d’insulter les autres usagers en automne ou en hiver, car mes vitres sont fermées ! » glisse malicieusement la jeune femme.

Preuve incontestable que le climat est loin d’être serein sur les routes, 87 % des conducteurs français disent avoir peur du comportement agressif d’autres automobilistes (−1 point par rapport à 2024).

Un climat d’opposition sur la route

Selon le baromètre, les conducteurs français s’estiment cependant exemplaires. 96 % d’entre eux « citent au moins un adjectif positif pour décrire leur propre attitude sur la route ». Ils se considèrent ainsi, en grande majorité vigilants (76 %, contre 75 % en 2024), calmes (52 %, contre 55 % en 2024) ou courtois (26 %, contre 27 % en 2024).

Sur la route, l’enfer c’est donc les autres puisque près de 9 conducteurs sur 10 citent au moins un adjectif négatif pour décrire le comportement des autres usagers. Ces derniers sont ainsi considérés comme dangereux, pour 41 % des conducteurs interrogés, agressifs (pour 37 %) ou encore stressés (pour 32 %).

« Je n’ai jamais insulté une personne au volant. Mais une grande majorité des gens ne respectent pas les limitations de vitesse, alors ça ne m’étonne pas qu’il y ait autant de tensions. La puissance des véhicules se transpose sur les personnes. À pied, je ne me fais jamais insulter…  », souligne José, jeune conducteur.

Le regard de José, jeune conducteur, met en lumière un autre angle : le manque de respect des règles de base, comme la vitesse ou l’usage du klaxon, qui génère de l’irritation chez les autres. En effet, selon le baromètre, 90 % des conducteurs français (contre 91 % en 2024) déclarent dépasser de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse indiquée. Et concernant les autres règles du code de la route, 68 % (contre 72 % en 2024) ne respectent pas les distances de sécurité, 43 % (contre 46 % en 2024) roulent sur la voie du milieu de l’autoroute alors que la voie de droite et libre et 27 % (contre 28 % en 2024) doublent à droite sur l’autoroute.

On peut tout même constater que les comportements, sur ces différents points, se sont légèrement améliorer par rapport à 2024.

La fatigue, facteur aggravant de l’agressivité

La fatigue au volant joue un rôle non négligeable dans ces comportements :

• 39 % des conducteurs reconnaissent avoir déjà pris la route en étant très fatigués ;
• Parmi eux, 26 % se disent plus nerveux, impulsifs ou agressifs ;
• 85 % affirment être moins attentifs dans ces moments de fatigue.

Distracteurs au volant : un facteur de tension souvent ignoré

L’usage du smartphone ou des écrans embarqués est un facteur aggravant de tension et de comportement à risque sur la route. Le baromètre 2025 indique que :

• 75 % des conducteurs utilisent leur téléphone ou programment leur GPS en conduisant (contre 78 % en 2024) ;
• 29 % lisent ou envoient des messages ;
• 21 % regardent des vidéos, réseaux sociaux ou contenus en ligne pendant qu’ils roulent.

Ces gestes ne sont pas anodins : ils augmentent non seulement le risque d’accident, mais aussi l’irritabilité, car ils réduisent l’attention portée à l’environnement routier. Un freinage brusque, un oubli de clignotant ou un manque de réactivité peut alors déclencher des réactions agressives d’autres usagers.

« Ce qui me tend c’est lorsque des individus ne respectent pas le code de la route, quand ils ne sont pas réactifs, quand ils me font perdre mon temps et qu’une fois à leur niveau, je me rends compte qu’ils sont sur leur téléphone ! », s’agace, en effet, Roxane.

Alcool, drogues et médicaments : des pratiques persistantes

Alors que la conduite sous l’empire d’alcool ou de stupéfiants est identifiée comme la première cause d’accident mortel sur les routes et autoroutes, 7 % des conducteurs interrogés avouent avoir déjà pris le volant en état d’ébriété. En 2024, ils étaient 9 %. 2 % ont déjà conduit après avoir fumé du cannabis (contre 4 % en 2024) et 12 % ont déjà conduit en ayant consommé des médicaments susceptibles d’altérer leur vigilance.

Le baromètre VINCI 2025 dresse un portrait sans fard de la conduite en France : des routes marquées par l’agacement, l’impatience et une incivilité souvent banalisée. Bien que certains comportements reculent légèrement, l’agressivité reste omniprésente. Les témoignages de Barbara, José et Roxane nous rappellent que derrière chaque chiffre se cache une expérience personnelle, souvent nuancée, mais toujours révélatrice d’un malaise profond sur nos routes.

Sources : https://fondation-content.vinci-autoroutes.com/